© Photo : Orgues Létourneau Limitée
Les anches (16', 8' et 4') de la division « Great » avant la restauration.
© Photo : Orgues Létourneau Limitée
Restauration de l'orgue
de l'église unie Saint James
Casavant Frères, Opus 1608, 1938
(Warren 1909/Wadswotrh 1891)
L'église unie Saint James est l'un des fleurons architecturaux de Montréal. Lors de sa construction, c'était la plus grande église méthodiste en Amérique du Nord : une « cathédrale » au cœur de la ville. Son imposante façade néo-gothique, longtemps cachée derrière une rangée d'immeubles commerciaux, est désormais dégagée et restaurée; elle trône de nouveau avec beaucoup d'élégance dans le centre-ville de Montréal.
Pour respecter le caractère monumental de l'église, l'orgue de E. D. Wadsworth & Bros., en 1891, était grandiose avec 51 jeux repartis sur sept divisions et un jeu de 32 pi à la pédale. La façade solennelle, qui date presque essentiellement du 19e siècle, est fortement inspirée de l'esthétique anglaise, avec sa grande baie centrale ouverte, flanquée de deux autres plus petites. Les boiseries du buffet sont en chêne massif, orné de motifs floraux sculptés rappelant certains éléments architectoniques de l'église. La compagnie était établée à Manchester, en Angleterre, en 1860, et le propriétaire, Edward Wadsworth, avait un bureau à Montréal comme facteur d'orgues entre 1887 et 1892. À cette époque, un seul autre instrument est connu pour avoir été construit par eux au Canada soit celui pour l'Église anglicane à Exeter en Ontario en 1888.
L'orgue Wadsworth a été reconstruit en 1909 par la Warren Church Organ Company, de Woodstock, en Ontario. Certains jeux ont été redistribués et une nouvelle division solo fut installée. Les sommiers d'origine fonctionnaient avec un mécanisme tubulaire-pneumatique, selon un compte-rendu de Farnham, quelques années après la restauration de Warren.
L'intervention par Casavant Frères, en 1938, a très peu modifié le devis de Warren. Conformément à la pratique de l'époque, de nouveaux sommiers électropneumatiques de type « pitman » ont été installés. Les pressions ont été augmentées en 1909 ou en1938, ou peut-être les deux fois, entraînant des changements de ton, mais sans compromettre le caractère unique de l'instrument.
Cet orgue est certes l'un des instruments les plus insolites de Montréal. En dépit d'un certain nombre de modifications au fil des ans, il conserve l'essentiel de ses caractéristiques et de sa composition d'origine.
Au printemps 2011, le facteur Orgues Létourneau en a commencé la restauration en vue de lui redonner toute sa gloire. Cela comprend les sommiers, le système de vent et les tuyaux. Deux nouvelles mixtures seront fournies pour la division du Great et une nouvelle Voix humaine de 8 pi de style anglais du 19e siècle sera ajoutée afin de remplacer l'originale, disparue depuis longtemps. Le système d'accouplements sera également remplacé par un nouveau à la fine pointe. Le tout devrait être terminé au début de 2012.
Rappelons que la restauration de cet instrument est possible grâce à l'aide du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine par son entente avec le Conseil du patrimoine religieux du Québec (volet 2 – aide à la restauration des orgues à tuyaux).
© Photo : Juget-Sinclair, Facteurs d'orgues
© Photo : Juget-Sinclair, Facteurs d'orgues
Restauration de l'orgue de l'oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal
Rudolf von Beckerath, 1960
Comme plusieurs le savent, l'histoire de l'oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal est intimement liée à celle du frère André (1845-1937) qui, le 24 janvier 1914, reçut l'autorisation pour la construction d'une église de pèlerinage, que l'on voulait un modèle du genre. La firme d'architectes Viau et Venne obtint le contrat initial, mais en 1937, les Pères de Sainte-Croix demandèrent au moine-architecte Dom Paul Bellot (1876-1944), de passage au Québec, de proposer les plans d'un dôme pour couvrir l'église inachevée ainsi que pour son architecture intérieure. Secondé de l'architecte Lucien Parent, il réalisera son unique construction à Montréal, bien qu'il ait travaillé aux plans de l'abbaye Saint-Benoît-du-Lac. Même si le projet d'aménagement intérieur de Dom Paul Bellot n'a pas été réalisé entièrement, sa participation à ce projet est importante dans l'histoire de l'architecture moderne au Québec. Si l'oratoire est le point le plus élevé de Montréal, en raison de sa localisation à flanc de montagne qui en fait un point de repère géographique dominant le paysage montréalais, c'est son architecture distinctive, en particulier son dôme, qui lui confère une présence physique et symbolique imposante dans cet environnement.
L'orgue monumental de l'oratoire Saint-Joseph fut inauguré le 13 novembre 1960 par André Marchal. Composé de 78 jeux, c'est un jalon majeur dans le monde de l'orgue. Construit par le facteur allemand Rudolf von Beckerath (1959-1960), alors au zénith de sa carrière, il est considéré comme l'un des plus grands instruments à traction mécanique au monde, avec un poids de plus de 40 tonnes. À l'époque, il s'agissait de l'un des orgues les plus prestigieux du Canada et les plus imposants jamais construits par Beckerath.
Sa conception fut guidée par une philosophie évidente du Werkprinzip, où chaque plan sonore est bien équilibré du point de vue musical et bien défini dans le dessin de la façade.
La restauration de l'instrument entreprise par Juget-Sinclair en septembre 2011, et qui se terminera en mai 2012, confortera la pensée de ses concepteurs : aucune modification majeure ni aucun ajout ne seront apportés. Seuls les éléments de mécanique ayant une masse trop grande, tels que vergettes, équerres, écrous et abrégés, seront changés. George K. Taylor, qui fit son apprentissage chez Beckerath et qui est l'un des fondateurs de la compagnie Taylor & Boody, a été nommé consultant pour ce projet.
Rappelons que la restauration de cet instrument est possible grâce à l'aide du ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine par son entente avec le Conseil du patrimoine religieux du Québec (volet 2 – aide à la restauration des orgues à tuyaux).