Depuis plus de 40 ans, M. Jackson est pionnier dans le domaine des musiques anciennes au Canada et il s'est toujours passionné pour la facture d'orgues, tout particulièrement pour les orgues historiques. Depuis les débuts du CPRQ, il y a déjà 15 ans, il agit en tant que membre actif et consultant pour le comité des orgues.
Chef de chœur et d'orchestre, organiste, claveciniste, doyen de la faculté des beaux-arts de l'Université Concordia pendant 11 ans et enseignant toujours actif, M. Jackson est également cofondateur de l'ensemble de musique ancienne internationalement reconnu, le Studio de musique ancienne de Montréal (SMAM), qui a vu le jour en 1974. Il en est devenu le directeur artistique en 1988 et il le dirige toujours au cours des tournées de concerts au Canada et à l'étranger.
En 1999, il a obtenu un doctorat honorifique pour sa contribution au monde de la musique et, en 2009, il fut nommé membre de la Société royale du Canada, en reconnaissance de son apport aux arts de la scène et au cours de sa carrière universitaire.
Déjà 15 ans! Survol des réalisations du comité des orgues
Christopher Jackson
Membre du comité des orgues du Conseil du patrimoine religieux du Québec (CPRQ)
Depuis 15 ans, le Conseil du patrimoine religieux du Québec est mandaté, par le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, pour gérer l’aide financière à la restauration du patrimoine religieux. Cette mesure vise à soutenir financièrement les initiatives en vue de la restauration d’édifices du patrimoine religieux (volet 1) ainsi que du mobilier, des œuvres d’art et des orgues à tuyaux (volet 2) qu’ils renferment.
Remontant au 19e siècle, l’histoire en matière de facture d’orgues au Québec est particulièrement riche. Cette tradition est bien imprégnée à Montréal, qui dispose d’un grand éventail diversifié d’instruments remarquables.
Pour sa part, le CPRQ est une organisation unique en Amérique du Nord, notamment à cause de l’inclusion toute spéciale, dans son mandat, de la préservation des orgues au Québec. Jusqu’à présent, le CPRQ a permis, soutenu et subventionné la restauration de 45 instruments dans la province, incluant plusieurs orgues à Montréal. Deux d’entre eux sont en cours de restauration, et nous aurons le privilège d’en visiter les chantiers au cours de cette journée.
Dans ma présentation, je ferai essentiellement un survol de la mission du comité des orgues du CPRQ et vous présenterai notre vision des projets de restauration d’orgues que nous avons financés au cours des années. J’accorderai une attention toute spéciale aux instruments de Montréal.
L'abbé Claude Brissette est originaire du quartier Bordeaux, à Montréal. Il a obtenu une licence en théologie de l'Université de Montréal en 1961, puis une autre en pastorale de l'Université de Strasbourg en 1969. Ordonné prêtre en 1961, il passera plus de 25 ans dans le monde de l'éducation, comme professeur. De 1986 à 2005, il fut curé de la paroisse Saint-Pie-X de Laval. Les paroissiens purent apprécier sa pédagogie, son éloquence, son sens de l'accueil, ses bons conseils dans tous les domaines et ses nombreuses initiatives pour le développement de la communauté. Depuis 2005, il est directeur du Service de construction et d'entretien du diocèse de Montréal. Son mandat est d'administrer les immeubles et les biens servant au culte. Il est aussi membre du conseil d'administration du Fonds d'entraide de l'archevêque pour les paroisses de l'archidiocèse de Montréal et représentant du diocèse à la Table de concertation de Montréal pour le Conseil du patrimoine religieux du Québec.
«Amours, délices et orgues», l'expérience du diocèse de Montréal
Abbé Claude Brissette
Directeur du Service de construction et d'entretien,
diocèse de Montréal
« Un orgue d’église » et « les grandes orgues de la cathédrale », l’écrivain français Georges Courteline (1858-1929) expliquait qu’il faut dire : « Cet orgue est le plus beau des plus belles », sous peine de mal parler sa langue.
L’année 2011 marque le 175e anniversaire de fondation du diocèse de Montréal. Celui-ci compte encore aujourd’hui 207 paroisses qui invitent à la prière et où l’orgue joue un rôle important. Nous sommes, en fait, tributaires, voire héritiers, des choix architecturaux qui ont présidé à la construction de nos églises.
Cette conférence met en perspective la place de l’orgue dans les églises et la liturgie à travers les grands moments de son histoire : la période du concile Vatican II et de l’après-concile, par exemple. Seront également envisagées des questions transversales, telles que l’évolution de la notion du champ patrimonial comme le patrimoine musical, surtout en contexte montréalais. J’aborderai aussi les fonctions du patrimoine et les défis d’évaluation, de conservation et de mise en valeur, en relation d’abord avec le champ cultuel, puis culturel, artistique et architectural. Il sera de même question de tout le processus d’autorisation du diocèse, illustré de quelques statistiques. Par la suite, plusieurs types d’interventions pour préserver et transmettre cette richesse collective aux générations futures seront étudiés, et nous aborderons les nombreux défis auxquels nous devons faire face… à l’aide d’exemples pertinents et d’actualité.
Docteur en droit de la faculté de droit de l'Université de Montréal, Antoine Leduc exerce la profession d'avocat au sein du cabinet BCF s.e.n.c.r.l., à Montréal, dans le domaine du droit des affaires. Chercheur associé à la Chaire en droit des affaires et du commerce international de l'Université de Montréal, où il fut professeur, Me Leduc copréside le Comité de la législation et de la réforme du droit de l'Association du Barreau canadien, Division du Québec.
Musicien de formation, Antoine Leduc est organiste et étudia au Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec à Montréal, entre 1990 et 1995, dans la classe de Gaston Arel. Très actif dans le monde musical, il fut tour à tour secrétaire de la Fédération québécoise des amis de l'orgue (1997-2003), membre du conseil d'administration de l'Académie de musique du Québec et de l'organisation du concours du Prix d'Europe (1997-1999), puis fondateur et directeur artistique de la Société de diffusion musicale TransePortée de Saint-Hyacinthe (1992-1997). En juin 2010, il fut l'instigateur, avec le professeur Daniel Turp, du Manifeste pour la sauvegarde du patrimoine religieux du Québec, signé par plus de 150 personnalités de tous les horizons, dont plusieurs du monde de l'orgue.
L'avenir de l'orgue et du patrimoine religieux à Montréal
Maître Antoine Leduc
Avocat, cabinet BCF s.e.n.c.r.l., et organiste
La métropole du Québec est incontestablement reconnue comme une ville d'orgue, à plus d'un titre. D'une part, Montréal se démarque tant par la diversité que par la qualité de ses instruments. D'autre part, de grands organistes ont réussi à y bâtir une école d'orgue dont la réputation dépasse nos frontières. L'avenir du roi des instruments y est-il pour autant assuré? Alors que plusieurs signes sont encourageants – que l'on pense à l'installation d'un instrument par Casavant Frères à la Maison symphonique, aux différentes séries de concerts, aux académies et concours qui s'y déroulent chaque saison –, d'autres éléments nous amènent à être profondément inquiets.
L'orgue n'est certes pas qu'un instrument liturgique; il n'en demeure pas moins que son destin est intimement lié à celui des églises, à titre de patrimoine immatériel, ainsi qu'au patrimoine religieux, à titre de patrimoine bâti. Ainsi, dans cette optique, une réflexion peut se faire sur deux axes principaux.
Dans un premier temps, quel est le rôle de l'État dans la préservation et la mise en valeur de ce patrimoine bâti et culturel? Le Québec doit-il, à l'instar de ce que le Manifeste pour la sauvegarde du patrimoine religieux du Québec propose, s'en déclarer propriétaire et le nationaliser, au terme d'un processus d'inventaire où l'orgue serait un critère prépondérant? Est-ce que l'approche préconisée par le projet de loi sur le patrimoine culturel est crédible, en proposant notamment une certaine décentralisation de la gestion de ce patrimoine vers les municipalités?
Dans un second temps, quel rôle ont les Églises et le Conseil du patrimoine religieux du Québec? Quel est celui de l'archidiocèse catholique de Montréal? Devons-nous nous montrer plus exigeants dans leur planification de l'utilisation du patrimoine religieux, exiger le bénéfice d'inventaire et modifier les lois qui les régissent en conséquence?
Natif de Drummondville, René Fréchette obtint son baccalauréat en administration des affaires à l'Université de Sherbrooke en 1983. Rapidement, il devint gestionnaire culturel. Il élabora avec enthousiasme de nombreux projets, entre autres avec la compagnie de danse Mackinaw. En 1982, il participa à la création du Mondial des Cultures de Drummondville, festival international spécialisé en danse et en musique traditionnelle. Il y joua différents rôles et en devint directeur général et artistique en 1999. Pendant les huit ans de son mandat, la notoriété de l'événement a crû considérablement, le budget a doublé et le Mondial est devenu l'un des plus grands festivals folkloriques au monde. Depuis 2006, il dirige le Concours international d'orgue du Canada (CIOC), un nouvel événement musical qui a vu le jour à Montréal en 2008. Homme de passion, il carbure au travail d'équipe, aux défis, à la joie de faire découvrir l'inconnu et à la créativité qui harmonise le tout!
Le Concours international d'orgue du Canada, fenêtre sur le monde de l'orgue
René Fréchette
Directeur général, Concours international d'orgue du Canada
Montréal occupe une place de choix dans l'histoire de la musique d'orgue au Canada. On y trouve un patrimoine d'orgues de qualité, très divers et issus tant de vieilles factures d'orgues que d'ateliers plus jeunes qui se distinguent par leurs fortes personnalités. Les instruments de qualité, les écoles de musique et les séries de concerts d'orgue attirant un public nombreux de la métropole constituaient une base favorable à la création d'un événement musical d'envergure. En 2006, des gens d'affaires mélomanes, désireux de démocratiser la musique d'orgue, se sont regroupés autour de John Grew, organiste de l'Université McGill, pour créer le Concours international d'orgue du Canada (CIOC). Tenu en octobre 2008, le premier CIOC a connu un succès remarquable. Le calibre élevé des concurrents, la diversité des activités du Concours ainsi que l'enthousiasme d'un public nombreux ont grandement contribué au rayonnement de Montréal et de ses orgues historiques.
Puis, tout en préparant le deuxième Concours – du 5 au 16 octobre 2011 –, les organisateurs ont développé des initiatives avec des partenaires dans diverses régions afin de poursuivre la mission du CIOC, qui est de rendre la musique d'orgue accessible à plus de gens. En 2010, ils ont présenté un nouvel événement : le Rendez-vous des GRANDS. Une soirée de musique inoubliable réunissait, à l'orgue Casavant de la basilique Notre-Dame de Montréal, quatre jeunes organistes parmi les plus prometteurs, tous lauréats d'un premier prix de grands concours internationaux. L'événement a attiré plus de 700 personnes.
Le CIOC ouvre les volets sur une musique d'orgue riche et diversifiée, développe l'intérêt d'un public toujours plus nombreux, dans un contexte de grande effervescence musicale à Montréal. Les jeunes musiciens donnent une voix à ce rendez-vous prestigieux, qui confirme une fois de plus la place de Montréal parmi les capitales culturelles.
Président du conseil d'administration du Groupe Spinelli, pendant sa carrière, c'est dans le domaine culturel que E. Noël Spinelli s'est investi : l'Orchestre symphonique de Montréal, l'Orchestre Métropolitain du Grand Montréal, l'Opéra de Montréal, le Conseil des arts de Montréal, le Centre national des arts, la Corporation de la Place des arts.
M. Spinelli adore la musique et il a joué un rôle actif dans des activités permettant à la population de découvrir et d'apprécier la musique et le chant. Il a fondé Les Concerts Spinelli, l'Atelier des arts lyriques de Lachine et les Concerts Lachine, en plus d'y œuvrer tour à tour.
Récemment, il a présidé le comité de restauration des grandes orgues Casavant de l'église des Saints-Anges-Gardiens à Lachine. Ce projet majeur a nécessité une importante collecte de fonds, permettant aussi de créer une fondation qui assurera la pérennité de cet instrument de grande valeur. C'est d'ailleurs ce projet qui le conduira à la présidence du Concours international d'orgue du Canada.
Tout au long de sa carrière, M. Spinelli a reçu plusieurs prix et remporté de nombreux honneurs au niveau local ainsi qu'à l'échelle canadienne.
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La restauration de l'orgue des Saints-Anges-Gardiens de Lachine, le succès d'une équipe!
E. Noël Spinelli, C. M., C. Q., président du comité de restauration
Organismes associés : fabrique des Saints-Anges-Gardiens et Fondation des Saints-Anges en musique
Quelques semaines après avoir pris sa retraite du Groupe Spinelli, concessionnaire d'automobiles, Noël Spinelli conduisait sur le boulevard Saint-Joseph à Lachine. Des milliers de fois, il avait fait ce trajet le menant de la maison au bureau. Ce matin-là, cependant, l'église des Saints-Anges-Gardiens retint son attention. Si bien qu'il se retrouvera dans le presbytère discutant de l'orgue de la paroisse avec le curé.
Fabriqué par la firme Casavant Frères de Saint-Hyacinthe, l'Opus 869 date de 1920. Vers les années 1960, faute d'un bon entretien, il cessa de rendre son jeu d'origine; il était même si détérioré qu'il était devenu inutilisable. Mais le 15 octobre 2006, Olivier Latry, titulaire de Notre-Dame de Paris, inaugura l'orgue restauré devant une église bondée de mélomanes et de curieux venus découvrir ce joyau musical des Saints-Anges-Gardiens.
Avec son équipe, Noël Spinelli aura mis cinq ans de travail pour revaloriser ce riche instrument du patrimoine. Ensemble, ils ont convaincu de nombreux donateurs et partenaires, dont le CPRQ, de contribuer au projet.
Voilà une chance de rencontrer un homme qui a voulu redonner un cadeau de grande valeur aux générations futures!