Accessibilité et transmission des archives religieuses :
Quoi? Pourquoi? Pour qui? Comment?

Compte tenu de l’intérêt et des réactions suscités par les deux premières Journées sur les archives religieuses du 18 avril 2012 – État des lieux et pistes de solutions pour l’avenir – et celle qui a eu lieu au Musée de la civilisation à Québec le 19 avril 2013 – Des outils pour paver les voies de l’avenir –, le Comité des archives du Conseil du patrimoine religieux n’avait d’autre choix que d’organiser une troisième Journée consacrée au milieu des archives religieuses. Celle-ci s’est tenue le 16 mai 2014 au Séminaire de Sherbrooke sous le thème de l’accessibilité et de la transmission des archives religieuses.

À l’instar de la première Journée, le milieu des archives religieuses a répondu en grand nombre à l’appel du Comité. En effet, 70 participants se sont déplacés au cœur de l’Estrie pour entendre dix conférenciers articuler une réflexion autour des grandes questions qui encadraient la Journée :

1. Quoi? Le patrimoine archivistique religieux : qu’est-ce qui peut être transmis et dans quelles conditions cette transmission peut-elle s’opérer?
2. Pourquoi? La question de la transmission des valeurs s’avère le point de réflexion culminant du patrimoine religieux. Pourquoi transmettre?
3. Pour qui? Pour qu’il y ait un « quoi » auquel on associe un « pourquoi », encore faut-il déterminer le public visé par cette transmission. Il s’agit de cibler des groupes sensibles à cette transmission de valeurs et de sens.
4. Comment? Quels sont les moyens qui permettent de concrétiser cette transmission des archives religieuses?

Cette journée d’échanges et de formation s’est divisée en deux parties. En matinée, trois conférences ont amorcé la réflexion sur l’accessibilité et la transmission des archives. La journée s’est ouverte avec une conférence plénière prononcée par l’Abbé Guy Boulanger, vicaire général et chancelier de l’archidiocèse de Sherbrooke, qui a décrit le modèle original mis en place par l’archidiocèse de Sherbrooke pour assurer une transmission allant bien au-delà de la dimension historique. Selon l'Abbé Boulanger, les charismes et la dimension profondément spirituelle des archives religieuses doivent être préservés et accessibles pour les générations futures. La première conférence thématique s’est intéressée plus spécifiquement à l’importance de la transmission des archives religieuses. Stéphan Martel, historien et gestionnaire du Centre de documentation et archives au Musée Marguerite-Bourgeoys/Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, nous a invités à comprendre, à partir d’un cas concret, comment la découverte parfois inattendue d’archives peut amener l’historien à élargir ses perspectives de recherche tout en donnant une tournure beaucoup plus intime et riche à leur diffusion par une exposition.

A suivi la deuxième conférence thématique qui a réuni deux professeurs au département d’histoire de l’Université de Sherbrooke : Louise Bienvenue et Guy Laperrière. Avec les quatre questions thématiques comme fil d’Ariane, ils ont abordé la relation entre les historiens et les archivistes, le type de résultats auquel la recherche en archives permet de parvenir et par le fait même, toute la reconnaissance que les historiens et historiennes vouent aux archivistes. Pendant l'heure du dîner, les participants ont pu rencontrer l’historienne des religions Claudie Vanasse pour échanger au sujet de son projet de Portail des communautés religieuses du Québec.

En après-midi, les participants ont eu l’occasion d’assister à deux ateliers sur les quatre qui étaient offerts. Tous les ateliers concernaient le « comment », c’est-à-dire les moyens qui permettent de concrétiser cette transmission des archives religieuses. Le premier atelier offrait les balises d’utilisations des différents médias sociaux et Web pour la mise en valeur des archives religieuses. Léon Robichaud, directeur du département d’histoire de l’Université de Sherbrooke, et Dhyana Robert, candidate à la maîtrise en histoire de la même université, ont ainsi présenté les caractéristiques propres aux principaux médias sociaux utilisés par les Québécois ainsi que des exemples concrets d’utilisation de ces derniers par des centres d’archives. Le second atelier, proposé par Christine Hudon du département d’histoire de l’Université de Sherbrooke, a été l’occasion pour tous les participants de s’interroger sur la question de l’accessibilité, sans chercher à établir de consensus ni de règles définies. Les échanges ont permis de connaître certaines pratiques et d’ouvrir les discussions. Le troisième atelier, donné par l’archiviste responsable du service des archives du Monastère des Ursulines de Québec, Marie-Andrée Fortier, offrait aux participants une multitude d’outils concrets pour assurer la diffusion des archives religieuses d’un Institut ou d’une communauté. Enfin, James Sweeny,  registraire et archiviste du diocèse anglican de Québec, a exposé différents exemples de défis et d’enjeux auxquels il est confronté dans l’exercice de ses fonctions par rapport à la centralisation physique des archives et à leur diffusion numérique dans l'ensemble du territoire de son diocèse.

Les participants ont ainsi pu choisir les ateliers en fonction de leurs affinités et de leurs champs d’intérêt. Pour terminer cette journée, les participants ont assisté à une séance plénière où Hélène Élément, responsable du Service des archives de la Congrégation des Soeurs de Sainte-Anne, a expliqué comment préparer l’activité Archives à voix haute, un moyen de diffusion accessible à tous et dont on a pu constater la portée lors de la 2e Journée des archives religieuses tenue le 19 avril 2013.
Fort de ce succès, le Comité des archives entrevoit avec enthousiasme l’organisation d’une quatrième Journée des archives religieuses qui se tiendra en 2015.

À l’année prochaine!