StylesStyle traditionnel québécois (1664-1820) Ce style architectural s'inspire des modèles introduits par les Français, religieux et laïcs, venus en Nouvelle-France au milieu du 17e siècle. Les églises paroissiales seront construites d'après trois plans types qui se répandront dans le paysage architectural québécois, jusqu'au renouveau formel amorcé au début du 19e siècle. Le plan jésuite tire son nom des premiers missionnaires qui construisent à Québec une église en pierre, en 1647. En forme de croix latine, il comporte une nef coupée aux deux tiers par un transept, dégageant ainsi deux chapelles latérales. Le plan récollet est introduit par cette communauté qui érige plusieurs monuments en Nouvelle-France, dont un couvent et une église dans la haute ville de Québec, en 1692. Il est formé d'une large nef, sans transept, qui se rétrécit au niveau du chœur de manière à créer des chapelles intérieures et se termine par un chevet plat ou en hémicycle. Le plan Maillou est attribué à l'architecte maître-maçon qui réalise une simplification des deux premiers en apposant un chœur en hémicycle à une nef rectangulaire, sans transept. Suivant la disponibilité des ressources, ces premières constructions recevront une ornementation plus ou moins élaborée. Elles serviront de modèles à l'architecture paroissiale dans toute la Nouvelle-France. Palladien (1790-1830) Introduit en Angleterre au milieu du 18e siècle, le style palladien est inspiré des œuvres de la Renaissance italienne, principalement du 16e siècle vénitien. L'œuvre de l'architecte Andrea Palladio est une source d'inspiration pour les architectes anglais, qui reprennent son système de proportions et son ornementation classique. L'occupation britannique, après la Conquête, entraîne la construction d'églises protestantes qui optent pour une architecture classique comportant pilastres, frontons, corniches, fenêtres ovales et palladiennes. La cathédrale anglicane Holy Trinity à Québec s'inspire de ce mouvement. Néoclassicisme (1830-1860) L'Antiquité grecque et romaine ont connu une renaissance en Italie au 15e siècle. Les architectes du 19e siècle vont à leur tour proposer une nouvelle lecture des formes classiques en retournant aux sources de l'Antiquité et de la Renaissance. En étudiant les palais et les temples des périodes antérieures, ils tenteront d'établir et d'appliquer un système cohérent de proportions. À la différence du classicisme britannique (ou palladianisme), le vocabulaire classique ne sera pas utilisé essentiellement parce qu'il appartient à son époque, mais pour le symbolisme qui s'en dégage, faisant référence aux grands modèles de l'histoire de l'architecture occidentale. La monumentalité, la symétrie et la rigueur de la composition seront les qualités plus particulièrement recherchées. À Québec, la façade de la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, proposée en 1843 par Thomas Baillairgé , est un exemple qui s'inscrit dans ce mouvement néoclassique. Mentionnons aussi les églises Sainte-Geneviève, de Pierrefonds, et de la Visitation-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie, de Sault-au-Récollet. Néogothique (1820-1880) Introduit au Québec vers 1825, ce style se répand au cours de la deuxième moitié du 19e siècle. À l'instar des styles historiques, il s'agit d'une réinterprétation de l'architecture gothique amorcée en Europe au milieu du 12e siècle et qui dure jusqu'au début du 16e siècle. Le gothique se développe surtout en France, en Allemagne et en Angleterre et ses principales caractéristiques sont l'utilisation de l'arc-boutant, des contreforts et des fenêtres en arc brisé. Les architectes du 19e siècle utiliseront ce vocabulaire néogothique à des fins symboliques, notamment dans l'architecture religieuse. Le premier exemple de ce style au Québec est la basilique Notre-Dame de Montréal , conçue entre 1824 et 1829 par l'architecte James O'Donnell, d'origine irlandaise. D'autres exemples sont remarquables, notamment l'église de Sainte-Marie de Beauce et celle de Rivière-du-Loup, réalisées par Charles Baillairgé au cours des années 1850. Éclectisme (1860-1910) Au cours de la seconde moitié du 19e siècle, les diverses traditions religieuses sont à la recherche d'un style architectural distinctif. En puisant à des sources variées, les styles historiques permettent de caractériser divers monuments en leur conférant une valeur symbolique. À la suite du néogothique, les styles néorenaissance, néobaroque et même Second Empire feront leur apparition dans l'architecture religieuse québécoise, permettant de distinguer les différentes traditions et de montrer l'importance des communautés qui les composent. La tradition catholique, par exemple, voudra symboliser son attachement à l'Église de Rome en adoptant les styles néorenaissance et néobaroque, répandus en Italie. Par ailleurs, les modèles inspirés de l'architecture française du Second Empire lui permettront d'affirmer un certain nationalisme. Si les styles historiques sont relativement différenciés lors de leurs premières utilisations, les architectes auront tendance à les composer plus librement à la fin du 19e siècle. La diversité formelle se retrouve désormais non plus à l'échelle de la ville, mais de chaque bâtiment. Tout en puisant à des styles variés, l'éclectisme se joue des proportions, conférant puissance et monumentalité à certains éléments de la composition, tels un portail, une coupole, un clocher. En outre, l'expression s'affirme souvent par l'adoption de matériaux nouveaux. Il en résultera une production architecturale particulièrement riche et variée. Les églises Saint-Antoine-de-Padoue, de Longueuil, et Saint-Jean-Baptiste, de Québec, témoignent de ces aspirations. Beaux-Arts (1890-1930) Dans la foulée de la tradition classique, l'architecture beaux-arts reprend ce vocabulaire, qu'elle assortit de préoccupations contemporaines, tant dans le choix des matériaux que dans le mode de construction. Elle est généralement produite par des architectes formés à l'École des beaux-arts de Paris, elle-même issue de l'Académie royale d'architecture fondée en 1671. Suivant le modèle beaux-arts la composition architecturale est fondée sur trois principes, soit la clarté du plan, l'équilibre des proportions et le caractère qui doit refléter la vocation et l'importance du bâtiment dans son milieu. J. Omer Marchand, Ernest Cormier, Paul-M. Lemieux et Édouard Fiset figurent parmi les architectes québécois diplômés de l'École des beaux-arts de Paris. Les églises Sainte-Cunégonde et Sainte-Marguerite-Marie, de Montréal, sont des exemples de leur production. Modernisme (1920-1960) Au Québec l'architecture religieuse constitue le domaine privilégié d'intervention de l'architecture moderne ou contemporaine. En 1934, le moine bénédictin et architecte dom Paul Bellot vient prononcer une série de conférences. Adepte du rationalisme et à la recherche d'une symbolique architecturale moderne, il propose une nouvelle esthétique de l'architecture religieuse au Québec. Avec un vocabulaire formel qui exprime leur structure comme les arcs en chaînette et les charpentes apparentes, ses bâtiments, en briques polychromes, inspirent plusieurs architectes québécois, notamment Adrien Dufresne et Edgar Courchesne. La partie ancienne de l'abbaye de Saint-Benoît-du-Lac résume les principes préconisés par le moine architecte. Son influence sera telle qu'il est courant de se référer au «style dom Bellot» pour qualifier son œuvre et celle de ses successeurs. Plus récemment, au milieu du 20e siècle, l'essor des banlieues et les nouveaux développements en régions favoriseront la création d'un grand nombre de paroisses nouvelles qui entraîneront la construction d'autant d'églises. C'est encore l'Europe qui fournira les modèles, principalement à travers la production architecturale de Le Corbusier. Plusieurs temples témoignent de cette modernité, dont l'église Notre-Dame de Fatima, de Jonquière. |
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